samedi 25 avril 2015

Rencontres avec le Fitz Roy

Le Mont Fitz Roy donc, vedette du lieu, culmine à 3400 mètres au dessus du niveau de la mer. Nom qui lui a été donné dans le courant du XIXe siècle, d'après le nom du capitaine de la flotte qui avait conduite Darwin dans la région afin d'établir la topographie de la Patagonie et de la Terre de Feu. Initialement le mont était nommé El Chalten (qui donnera le nom au village par la suite). El Chalten signifie "la montagne qui fume" (en effet elle est souvent cachée par les nuages). Le nom fut donné par les indigènes Tehuelches, premiers habitants de la région. La légende veut que de cette montagne soit descendu un enfant exceptionnel, Elal. Elal a été sauvé de son père qui voulait le tuer grâce à l'intervention d'un cygne qui le déposa au sommet de la plus belle montagne de Patagonie: El Chalten. Protégé et nourri par les oiseaux durant les trois premiers jours, Elal fut ensuite livré à lui même. Ses trois ennemis étaient le froid, la neige et le vent. Pour se défendre il fit un feu à l'aide de silex. Pour vaincre le deuxième il construisit un abri en peau de guanacos. Il survécut au troisième en se protégeant sous une cape. Il transmit ensuite toutes ses inventions aux indigènes de la région.

Pour ma part, la rencontre avec le Fitz Roy va prendre un peu de temps. Le premier jour il a la tête dans les nuages, le deuxième jour il pleut. Au réveil du troisième jour le temps est au beau fixe !! Grand soleil, ciel azur, très peu de nuages !! À midi je décolle. Je vais faire un tour au terminal de bus voir si l'on voit le Fitz Roy et ouiiii !!! C'est totalement dégagé !! Une petite brume l'entoure mais c'est très léger. Du coup je reprends l'itinéraire du vendredi, tant pis, mais cette fois j'irais jusqu'au bout, jusqu'au pied du massif. 10km aller prévus pour 4h. C'est jouable, il est 12h, au plus tard je serais rentrée pour 20h. Comme j'ai déjà vu la première partie du trajet, je ne suis pas ralentie à prendre des photos, je trace !! 

Rapidement le Fitz Roy se montre. Au fur et à mesure que j'avance sur le chemin il apparaît devant moi tel un phare dans la mer des arbres. Il est très beau. Si les collines alentours sont d'une pierre très foncée, le Fitz Roy est particulièrement clair, presque rose à certains endroits. Le Fitz Roy est accompagné de sommets moins importants nommés Saint Exupéry, Mermoz et Poincenot. Un peu de cocorico, ce sont des français qui sont montés les premiers en haut du Fitz Roy en 1952. Poincenot faisait partie de l'expédition mais meurt lors de cette première ascension. Quant à Saint Exupéry et Mermoz, ils ont établi les premières connexions courrier entre Punta Arenas et Buenos Aires.

  Il est curieux de constater que les collines alentours sont parsemés de neige, les sommets alentours aussi mais le Fitz Roy est immaculé. Le soleil fait rougeoyer d'autant plus les feuilles des arbres. Certains troncs même sont rouges !! Le chemin traverse donc des bosquets mais aussi des parties totalement dégagées recouvertes de galets, longe de petits cours d'eau, longe des torrents un plus agités, de petits ponts de fortune ont été aménagés pour les traversés. Le Fitz Roy est de plus en plus près. Sur 10 km les 9 premiers sont ma foi très plat. Par contre le dernier s'avère plus complexe. Il faut 1h pour monter jusqu'au point de vue sur le lac au pied du Fitz Roy. Le temps que j'arrive, le soleil est en train de disparaître derrière la montagne. 

La descente n'est pas évidente. La plupart des pierres roulent, ça glisse de tout côté !! Mais bon c'est quand même plus rapide qu'à la montée !! Et c'est parti pour le retour !! L'environnement s'assombrit assez rapidement, l'obscurité commence à envahir les lieux et je presse le pas histoire de ne pas finir totalement dans la nuit. Les premières étoiles apparaissent déjà alors que le ciel vers l'ouest est encore assez bleu. Bon ça y est la nuit tombe mais coup de chance, je croise un allemand qui a une lampe de poche et donc je finirais pas la rando à tâtons dans le noir !!! 




















El Chalten

Arrivée à 6h30 de bon matin à El Chalten, dans le noir, sous la pluie, les yeux encore ensommeillés il faut sortir du bus. Autant dire qu'à cette heure il va être compliqué de trouver quoique ce soit d'ouvert. 8 heures et quelques quelques le soleil apparaît timidement, il faut dire qu'il y a quand même beaucoup de nuages. J'atterris à l'office de tourisme où je récupère un plan de la ville, ou plutôt du village c'est vraiment pas grand. El Chalten est la capitale nationale du trekking, point de départ d'un bon nombre de randos. Grand choix de randos d'ailleurs car la plus courte dure 45 min et la plus longue peut vous emmener pendant 1 bonne semaine dans le parc national de Los Glaciares. Pour ma part, sans tente, ce sera des randos à la journée uniquement. La création officielle du village date de 1985 et à l'heure actuelle, sa seule raison d'être est d'accueillir des randonneurs des 4 coins du monde. Ce qui est sûr, c'est que personne ne vient pour le village en lui même qui n'a aucun charme, aucune personnalité. On dirait qu'un matin des camions ont débarqué avec une centaines de cahutes, les ont posés ici et là, puis les bus de touristes sont arrivés et voilà El Chalten est apparu. Non ce qui motive à venir ici c'est le cadre dans lequel le village est implanté: collines, montagnes, cours d'eau, végétation (flamboyante à cette époque de l'année). La nature est reine. C'est ici même que l'on peut observer le majestueux Mont Fitz Roy que je suis bien décidée à découvrir !!

J'atterris dans l'auberge Hem Herhu, tout en bois, tout petit, à l'écart de la ville. Un lieu avec un charme certain et un proprio fort sympathique, un hippi avec une tête de savant fou, les cheveux en pétard comme si il venait de faire une expérience qui n'avait pas marché ! En tout cas c'est un super spot, bien chauffé (ça change après le Chili où j'avais constamment froid). Il n'y a que des argentins dans l'auberge et le changement d'accent après le Chili est assez violent. Au début je ne comprends absolument rien alors qu'en sortant du Chili j'arrivais à peu près à m'en sortir. Les chiliens ne prononcent pas le son "ye", ils disent "che". On m'avait prévenu mais en faire l'expérience en live c'est différent. Bon au final, on s'habitue facilement et j'apprécie vraiment cette façon de parler.

J'évite de me poser histoire de ne pas m'endormir et pars faire une des petites balades que j'ai repéré: Chorillo de Salto (3 km à plat ça devrait le faire). L'automne est le bon moment pour visiter la région, les arbres ont des nuances orangées, rougeoyantes, flamboyantes !!! Ça met un peu de couleur à l'atmosphère terne qui se dégage du gris du ciel. C'est assez incroyable: devant moi c'est brumeux, les nuages cachent les montagnes au loin mais quand je me tourne derrière moi le ciel est bien bleu, à peine perturbé par quelques nuages. J'avance dans une atmosphère feutrée, mystérieuse causée par la brume ambiante mais réchauffée par les couleurs chaudes des arbres qui s'étendent de part et d'autre du chemin. Et au delà, des collines rocheuses s'élèvent, la pierre dont la couleur se dégrade en gris et marrons, est par endroit recouverte par un tapis d'herbe qui tend du vert au jaune et par endroit des masses flamboyantes d'arbres orangés se détachent du reste. Une palette de couleurs chaudes donc sur un fond céleste plutôt froid.

Un peu fatiguée je tente quand même ma chance pour aller voir le Fitz Roy. Le chemin ressemble à une ballade en forêt, bon ça monte un peu quand même. J'ai la chance de voir un pivert en pleine action. C'est impressionnant la vitesse avec laquelle sa tête bouge et la souplesse de son cou également, il tord sa tête jusqu'à la plaquer contre son corps !! Il n'est pas du tout perturbé par le monde qui passe à côté et continue tranquillement son travail. D'ailleurs il n'est pas tout seul. Le sous bois résonne du son des becs qui tapent sur les troncs des arbres. Je continue mes déambulations jusqu'au mirador d'où j'espère voir le Fitz Roy, mais raté !!! Il a la tête (et une bonne partie du corps) cachée dans les nuages Donc pas de Fitz Roy aujourd'hui. Je retourne sur mes pas et je bifurque un peu plus loin pour voir la Laguna Capri et biiiim le spectacle de la journée. Alors certes je n'aurais pas vu le fameux sommet mais j'aurais pu admirer une lagune entourée d'arbres flamboyants dans la lumière du soleil couchant. C'est un spectacle magnifiques. Et des oiseaux (pas farouches pour un sou encore une fois) viennent me tenir compagnie.













mardi 21 avril 2015

Bienvenidos en Argentina

 Une vue dégagée sur le Lago Général Carera, le soleil qui fait scintiller l'eau, les arbres tout orangé et au loin l'Argentine !!! Je vais y aller à pieds: 14 km. La fin du trajet a été bien dure, le genou gauche a vraiment morflé et mon dos criait au secours. Jusqu'à la frontière chilienne c'est une longue route bordée d'arbres dans les ton jaunes orangés. Je me dis que si vraiment je lutte trop je peux faire du stop, mais encore faudrait il qu'il y ai des voitures qui passent.... Une fois l'allée des arbres terminée, un virage, un pont et là le paysage change. C'est désertique, des collines arrides, s'en est fini des montagnes enneigées. Le poste frontière, tout comme la route avant lui est désert !! Tampon sur le passeport et c'est parti pour l'Argentine. Le poste frontière est à 5 km. Les 2 premiers sont joyeux, petites photos, petites vidéos. L'impression d'être une vraie aventurière, d'être seule au monde. L'impression qu'il faut aller chercher l'Argentine plutôt que de simplement la recevoir. C'est une super sensation que de traverser la frontière à pied. Mais plus j'avance, plus le poids du sac se fait sentir et plus je fatigue. J'en suis presque à me demander si je vais pas finir par passer la nuit sur le bord de la route. Mon portable est éteint, je n'ai plus l'heure. Mais bon le soleil est encore bien haut, je dois encore avoir de la marge!! Et je finis par atteindre le poste frontière !!! Je dois avoir une de ces têtes, rouge, épuisé... D'ailleurs le douanier me me fait remarquer que j'ai l'air fatiguée, tu m'étonnes !! Un nouveau petit tampon sur mon passeport ihih qui me permet de rester 3 mois en Argentine et me voilà repartie vers Los Antiguos. L'auberge que j'avais repérée à l'entrée de la ville est en fait fermée... Mais bon je me dis que je vais facilement trouver un endroit où dormir. J'avance, j'avance sur l'avenue principale et rien.. Juste 2 hôtels qui ne correspondent pas trop à mon budget. J'arrive à la fin de l'avenue, désespérée. J'ouvre mon guide, me disant que je vais bien trouver une adresse. Nada ! Je récupère juste l'adresse de l'office de tourisme où j'espère trouver des infos. Je repars en sens inverse et en fait d'office de tourisme, je tombe dans un musée, l'adresse est donc fausse, mais 2 gentilles dames m'orientent dans la bonne direction. Me voilà repartie de mal où je viens, je trouve l'OT et suis très bien accueillie par l'équipe qui me donne toutes les adresses pour dormir et qui même téléphone aux auberges pour savoir si il y a de la place.  J'arrive à l'auberge Padilla, une jeune femme très sympathique me montre les chambres et en fait il reste de la place dans les dortoirs, 100 pesos c'est très bien. J'enlève donc mon sac: sensation de bonheur intense !!!!! Le lieu est propre, cosy, hâte de me coucher !! Un bon plat de pâtes pour me remettre des émotions et au dodo !! 

Los Antiguos est paisible, c'est le moment d'en profiter. Je bulle donc toute la journée sur la plage bercée par le ressac de l'eau et par les voix de quelques passants.  J'en profite pour errer dans les "rues" de la ville. En fait le centre urbain est très limité et tout autour s'étendent les chacras. Pour décrire Los Antiguos: une avenue centrale qui est la route qui arrive du Chili, sur la droite des boutiques, des restaurants, au delà des collines et sur la gauche des bâtiments publics, quelques boutiques et au delà la partie résidentielle. On note une certaine différence avec les quelques villages chiliens traversés auparavant et qui se situent au même niveau géographiquement parlant. Les maisons ont l'air plus confortables, plus solides. C'est pas moi qui le dit, une allemande croisée dans l'auberge le dit aussi. Enfin ce que je retiendrais de Los Antiguos ce sont les grandes allées bordées d'arbres au couleurs de l'automne, leurs tons orangés, jaunes, le soleil qui brille sur le ciel azur. 






samedi 18 avril 2015

Tortel

Tortel est un petit village silencieux et singulier, situé au fin fond de la région d'Aysen. Tortel fut fondée en 1955 dans le but d'exploiter le cyprès de las Guaitecas et à l'heure actuelle c'est toujours la ressource première du village. C'est le bois qui a donc permis la construction du village, mais aussi sa survie. Ici tout est en bois et le bois est partout. Les maisons, les lanchas (barques), les rues sont en bois. Tortel est construite tout en longueur et s'étend le long l'eau, est entourée par des collines verdoyantes. De part les photos que j'ai vu de la Baie d'Halong au Viet Nam, Tortel m'y fait penser. Une baie surmontée par les collines. 


La singularité du lieu: l'absence de rues "classiques" pour se déplacer dans le village, les 500 habitants empruntent des passerelles et des escaliers en bois qui mis bout à bout représentent environ 7,5 km. Il faut environ 30 min pour aller d'un bout à l'autre du village et par temps pluvieux (c'est à dire à peu prêt tout le temps), ça peut vite devenir glissant. Une passerelle longe l'eau, parfois passe au dessus et une autre passe plus haut, dessert les maisons construites un peu plus haut sur la colline. Entre les deux des escaliers. Sans ces passerelles et ces escaliers, les Tortelinos seraient obligés de se déplacer en bateau ou bien de grimper dans la colline pour rentrer chez eux, mais étant donné la pluie quasi permanente ici, c'est boueux, c'est glissant difficilement praticable. J'en ai d'ailleurs fait plusieurs fois l'expérience car notre hôte nous hébergeait dans une cabane sans escalier, ça a donné quelques chutes dans la boue, des bottes qui s'enfoncent sans pouvoir les ressortir et le dernier jour mon sac et moi qui tombons les fesses dans la boue !!