jeudi 21 avril 2016

Janajpacha



Une semaine qui se termine. Une semaine passée dans la communauté janajpacha. Fondée par le chamane Chamalù, elle est installée dans un ashram (lieu dédié à la méditation) appelé Planeta de Luz (planète de lumière). Présenté de cette maniere ça peut paraitre assez suspect mais au final c’est juste un endroit parfait pour se relaxer pour se recentrer sur soi même. C’est d’ailleurs la philosophie de vie présentée par Chamalù: le bonheur doit être présent tout le temps, toujours dans nos vies. Cela passe par un retour à la nature, un retour à l’essentiel. Rien de tarabiscoté. Et cela fait écho à la réflexion que j’ai engagé depuis le début du voyage. 

Donc. Cet ashram est un endroit très vert. Beaucoup d’arbre. La montagne en arrière plan. Et un ciel incroyable la nuit. Le chamane a écrit un max de bouquins. J’espérait venir pour faire de la traduction au final j’hérite du jardin. Mission désherbage. Et c’est pas du luxe vue la taille des herbes à arracher. A croire qu’ils attendaient notre arrivée pour s’occuper du jardin (notre c’est à dire moi et un couple de français arrivé en même temps). On aura bien travaillé. Le résultat est flagrant même si il ne faut pas s’attendre à un merci. L’échange aura été quasi inexistant avec les membres de la communauté. Ça m’a assez surprise. Pour moi communauté = partage. Apparemment pas dans celle ci. Ils partagent entre eux mais les volontaires ne sont pas vraiment admis dans leur cercle. Tant pis. Au moins mes compatriotes français sont forts distrayants et on se marre bien.

Au final une semaine plutôt positive. Contact intense avec la Terre. Pratique intensive du yoga (ça faisait longtemps !!). Les batteries bien rechargées pour continuer le périple. 
 

mardi 19 avril 2016

Hasta Siempre Comandante

9 octobre 1967.
La Higuera. Bolivia

Che Guevara est lâchement assassiné.

Son nom entre dans l'Histoire comme leader de la révolution cubaine et comme l’homme qui a voulu libérer l’Amérique du Sud du joug capitaliste. Ses idées très extrêmes dérangent d’un côté les États-Unis qui voient d’un mauvais œil ce guerillero qui menace leurs positions dans le Sud. De l’autre côté il dérange également beaucoup les soviétiques qui le voient comme un franc tireur loin de l’appareil apparatchik soviétique. Désavoué par (le traitre) Fidel Castro il est envoyé en pure perte pour organiser une guérilla en Bolivie. Pendant près qu’un an, dissimulé dans le maquis bolivien il tente de la mettre sur place, mais entouré de peu d’hommes, incompris par la population et abandonné par ses “amis” et soutiens communistes elle ne verra pas le jour. D’autant plus que rapidement trahi, l’armée bolivienne avec l’appui de la CIA se met à sa poursuit. La création d'une guérilla se transforme en une lutte face à ces hommes qui veulent sa peau. Le 8 octobre 1967 cette errance prend fin quand il est capturé et emmené à La Higuera où il passera, prisonnier, ses dernières heures.

 Malgré ses méthodes tout à fait critiquables il n’en avait pas moins cette espérance d’égalité, de partage, d’unité. Une quête brisée par cette poignée d’hommes qui aussi bien dans le camp capitaliste que dans le camp communiste avaient eux pour quête : la domination et l’argent.

C’est comme en pèlerinage que je suis partie sur les traces de cet homme qui a lutté toute sa vie en faveur des opprimés. La Higuera : 50 habitants, sans compter les vaches. La petite école où il a été assassiné a été transformée en musée. Je n’y ai pas mis les pieds. Trop glauque à mon idée. Par contre je décide de descendre dans la Quebrada de Churo où il a mené son dernier combat et où il a été fait prisonnier. Jamais je n’y suis arrivée. Une végétation trop dense, une peur panique des serpents ont eu raison de moi. Mais c’est pas faute d’avoir tourner plusieurs heures. Peu importe j’ai tout de même la sensation d’avoir approché les pas du Che. 

Une autre ville dans la région a été marquée par la présence de l’homme, ou plutôt par sa dépouille. Le corps fut exposé plusieurs jours dans la laverie de l’hôpital de la ville. J’ai été choquée de constater que pendant ces jours d’exposition, sa dépouille fut une attraction. Prise en photo sous tous les angles sans aucun respect envers la mort. Nécessité et stupidité des journalistes de créer le scoop, orgueil mal placé et stupidité des militaires d’avoir éliminé l’ennemi public n°1. Ce n’était que les prémices du commerce très lucratif qui s’est mis en place par la suite.





Las misiones jesuiticas de Chiquitos



Dans l’est du pays, sur la route qui mène au Brésil, se découvre une autre Bolivie, plate, tropicale: la Bolivie des plaines qui se différencie beaucoup de la Bolivie andine. On y trouve notamment les plaines de Chiquitos. Elles ont attirées mon attention car après le Paraguay et l'Argentine les jésuites sont également venus y implanter des missions. Il est dit qu’elles sont mieux conservées que chez les voisines. On va donc aller vérifier. Sur presque une dizaine j’en choisi 3: San José de Chiquitos, San Ignacio et Concepción.

La ville de Santa Cruz sert de point de départ à l’épopée des missions vers 7h du mat’ après un voyage mouvementé en train. Alors effectivement c’est moins flippant que le bus mais après 15 heures passées dans un wagon qui tangue de gauche à droite, je suis plus que brassée. S’en suit un deuxième trajet, cette fois en bus et j’arrive à San José. Un petit bled qui s’étend autour d’une place arbolée. A été conservé de l’époque des Jésuites tout le complexe paroissial: église, école et les habitations des moines. Tout le reste de la mission a été remplacé par les maisons actuelles. Bon en fait de conservation c’est une restauration totale bien que suivant les plans d’époque qui a été opérée. C’est le samedi avant Pâques. De nombreux paroissiens s’affairent dans l’église pour préparer les festivités du soir. La messe commence à 21h. Elle se terminera à minuit…. À l’issue de cette dernière se déroule la procession de la rencontre. C’est à dire que les paroissiens (femmes d’un côté, hommes de l’autre) partent en procession en portant une statue de Marie et une de Jésus. Ils effectuent un circuit dans les rues du village pour finalement se retrouver à un point donné et retourner à l’église. En dehors de cette procession, c’est fête au village un peu des genre kermesse: stands pour manger, boire, se divertir. San Jose est une escale ma foi sympathique.

San Ignacio est dit une escale très brève. J’y arrive de nuit et donc la découvre au matin. C’est plus grand que Sans Jose et c’est aussi beaucoup moins agréable. On dirait un énorme centre commercial à ciel ouvert. Toutes les rues regorgent de boutiques et il me faut un certain temps pour dénicher l’église qui ne date même pas du XVIIIe mais est une construction des années 1950. Je ne fait pas long feu à San Ignacio et dans la demi heure qui suit me voilà dans le bus direction Concepción.

Concepción: une place centrale, arbolée où les bancs invitent au repos. Des rues bordées d’arcades d’où émane un calme serein. Une auberge tenue par un petit papy qui a chaque fois qu’il me croise me salue d’un “como estas nena ??” (comment ça va gamine ??). Pour pouvoir entrer dans le complexe paroissial de l’ancienne mission il faut trouver le responsable du musée municipal qui ouvre volontiers les portes. Et c’est un émerveillement. L’église est magnifiquement restaurée. Couleurs bois, rouge et or. Il y règne une atmosphère de pieux recueillement. Concepción: la dernière halte et la plus agréable.

Conclusion : les missions jésuites de Chiquitos sont très belles, très bien restaurées mais elles n’ont pas le charme des missions en ruines du Paraguay et de l’Argentine où l’omniprésence de la végétation leur donnait un caractère romantique et permettait une véritable plongée dans le passé.