Une
mer de nuages recouvre la vallée. De cette mer surgissent quelques
montagnes dont les têtes sont enneigées. On devine le soleil plus
qu'on ne le voit, plus qu'on ne le sent. Il vient éclairer les cimes
enneigées mais ne se fraye que difficilement un chemin à travers
une deuxième couche de nuages qui elle recouvre totalement le ciel.
Et moi j'avance au milieu de ces deux couches de nuages. J'avance
comme en lévitation. Je suis comme suspendue dans un univers
blanc, un univers cotonneux où le temps semble s'être arrêté. Le
chemin est un peu abrupt, une voie carrossable pas très agréable
mais qui fini par évoluer en sentier en sous bois et débouche dans
le Bosque Tallado, une clairière remplie de statues en bois
réalisées par des artistes locaux, par ici le visage de Buddha, par
là une divinité sud américaine, par ici encore un nain sculpté
dans un tronc d'arbre. Depuis le Bosque, une vue panoramique sur la
vallée.... Ou plutôt sur le duvet tout blanc qui est venu la
couronner. L'ascension continue encore jusqu'au pied du
Piltriquitron, jusqu'à un petit refuge. J'aurais croisé en tout et
pour tout une personne. Arrivée au refuge, je trouve une pierre qui
domine la vallée et laisse mon regard se perdre dans l'immensité
blanche de la mer de nuages. Pas un bruit, si ce n'est le vent qui
souffle. Pour la descente un compagnon canin m'accompagnera.
Deux
semaines plus tard, me revoilà de nouveau au Piltriquitron. Et
changement de décor !!! Le ciel est dégagé, le soleil brille
et.... La neige a tout recouvert. L'immensité blanche n'est plus
sous mes yeux, je baigne dedans. Le peu de feuilles qui restait à
mon premier passage a maintenant disparu. Le règne végétal est
entré en hibernation, il réapparaîtra dans quelques mois. En tout
cas qui dit terrain pentu et neige, dit luge !!! L'âme d'enfant
revient au galop pour quelques descentes.